A l’âge de 8 ans, j’ai perdu mon père.
Une des principales conséquences de cela est que j’ai grandi entouré exclusivement de femmes. Il y a bien eu un oncle qui est venu 6 mois, mais on ne peut pas dire qu’il m’ait réellement aidé à traverser la puberté. Niveau image du père, c’est moyen, mais cela a contribué à forger l’homme que je suis aujourd’hui sans que je puisse dire vraiment quelle impact cela a sur ma paternité.
Quand ma femme a été enceinte, j’ai eu un grand moment d’angoisse. Comment savoir si j’allais être un bon ou un mauvais père, attendu que je ne savais même pas ce qu’était un père ? Du côté des amis, l’aide a été limitée. Cela n’aide pas d’être le premier parmi mes amis proches à avoir un enfant.
J’avais bien le modèle traditionnel en tête du père, tout puissant et pourvoyeur de revenu, mais comme mon oncle a divorcé quelques jours après mon mariage, on va dire que ce modèle n’est pas, à mes yeux, gage d’une réussite systématique.
Comme tout le monde, j’ai lu et j’ai pleuré tellement les livres n’avaient rien à dire sur ce que devait (pouvait) être un père. J’ai également fait une psychanalyse en passant aux Maternelles, c’est dire mon niveau d’angoisse existentielle . Pendant la grossesse pour l’Aînée en 2007, nous sommes allés voir le Premier Cri. Je ne développerais pas mon point de vue sur ce « film » car je suis quelqu’un de poli, mais on ne peut pas dire que le père ait une place enviable. Bref…
Donc quand ma femme a été enceinte de l’Aînée, je me suis contenté d’être le mari de ma femme avant d’être le père de mon enfant. A défaut de savoir comment faire, je me suis dit que l’expérience aidant, j’apprendrais. Et pour l’instant, je pense pouvoir dire que je ne me débrouille pas trop mal. Mais il est un invariant dans ma vie…
Je suis entouré exclusivement de femmes. Une femme, deux filles… Même mon chat est une femelle, c’est dire mon isolement. Ce qu’il me faudrait, c’est un petit mec. Pour voir ce que cela fait d’avoir quelqu’un d’autre que moi qui oublie de baisser la lunette des toilettes. Cependant, une angoisse m’étreint (encore ?) à cette perspective. Un garçon, c’est bien, mais pour quoi faire ?
En quoi élever un fils serait différents que d’élever une fille ? J’aime pas jouer au foot !
Au final, pourquoi est ce que j’aimerais un petit gars ? Pour lui transmettre des « choses » !
Un nom tout d’abord. Cela peut paraître une réflexion d’un autre âge, car j’ai également transmis mon nom à mes filles qui pourront le garder si elles le souhaitent tout le long de leur vie. Toutefois, j’ai toujours eu l’impression que mon père a été considéré comme un moins que rien par sa famille. D’ici une ou deux générations, il y a de grande chance que mon nom de famille disparaisse par mariage, abandon… L’idée que sa « survie » dépende en partie d’un petit fils de mon père a le goût sucré de l’ironie (je ne vous demande pas de comprendre, juste de me faire confiance pour le coup)
Des valeurs ensuite. Oui mais lesquelles ? Pas simple de dire aujourd’hui ce qu’est ou doit être un homme. Il paraîtrait que la virilité est en crise, que les féministes nous auraient coupés les couilles et qu’elles nous transformeraient en femmelettes. Que le mâle dominant a vécu et que le père au foyer est dépressif (analyse en cours ). Si la (nouvelle) place de la femme dans la société a été beaucoup théorisée par les penseuses féministes, celle de l’homme ne l’a pratiquement pas été, sauf par des apôtres du retour en arrière (Comme E. Zemmour, par exemple, même si je connais très peu son oeuvre).
Heureusement pour moi, j’ai re-découvert ce poème de Rudyard Kipling et j’aimerais laisser à ce bel auteur le(s) mot(s) de la fin, ce qui, pour ceux qui me connaissent, n’est pas une mince affaire.
Tu seras un Homme, mon fils
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
Mon père, pas rebuté par ses 3 premières filles, voulait un petit mec pour … lui transmettre son nom également, quand bien même nous le portions toutes, et lui donner ses petits trains.
A part ça, mon père déteste le foot aussi et je ne crois pas qu’il ait élevé ma petite soeur différemment de mon petit frère.
donne moi son adresse que je puisse lui demander conseil
Je pense organiser un séminaire pour le Best Friend et toi, combiné à une petite dégustation de vin, je pense que ça vous aidera à y voir plus clair
J’ai surtout l’impression que tu cherches un pretexte pour picoler
Si il faut absolument avoir un garçon… ça change la vie de devoir esquiver le jet de pipi quand tu changes la couche !
Tout ça me fait penser à une parole pleine de sagesse de ma voisine (ah ah ah…) « Oh je n’en referais pas un troisième, je serais bien capable d’avoir encore une fille ! »
Pour information, elle a deux petites filles…
Reponse dans 1 mois
ah ah, je ne savais pas !
Moi ça m’énerve toujours que les gens pensent qu’on a fait un troisième enfant pour avoir un garçon. J’ai envie de leur dire merci pour ma deuxième petite puce qui aurait donc été « ratée ».
Je pense que pour de gens, avoir plus de 2 enfants n’est pas envisageable