Lors d’un précédent billet où je parlais de mon appréhension de voir mon gamin en crèche manger des plats préparés (alors qu’aujourd’hui c’est moi qui fait la popote), Cathalapointe m’a interpellé sur le fait que les industriels faisaient appel à des nutritionnistes pour leurs petits plats/pots. Entre l’emploi de chefs pour les recettes et l’accès à des produits de qualité, sur certains points, les produits industriels serait plus « safe » que le fait maison (pour l’intégralité du propos, c’est par là, je ne voudrais pas travestir le propos). Je lui avais promis une réponse plus développée, la voici.
Je n’ai rien contre la nourriture industrielle, je peste suffisamment contre l’emploi de l’argument « c’est bon parce que c’est naturel » pour ne pas avoir un à priori négatif dessus (pour rappel, la ciguë est naturelle ). Je faisais cette remarque sur les blédichefs dans le cadre d’une râlerie autour d’une circulaire de la CAF qui imposerait la fourniture des repas par la crèche. Ce qui me rebute dans la nourriture industrielle, ce n’est pas la qualité nutritionnelle du produit. Sous réserve de l’impact des conservateurs, il n’y a pas à en douter.
Cependant, je ne pense pas que l’alimentation se résume à la répartition des glucides/protides/lipides et autres vitamines. C’est aussi une affaire de sensation. Pour ce qui est de la nourriture industrielle, même s’il y a des morceaux, ça reste plus ou moins de la « bouillie » : pas de croquant, d’effet de texture, tous les goûts arrivent en même temps dans la bouche, les saveurs sont assez standardisées…
Mais surtout ce qui me gène avec les petits plats (en fait avec les plats préparés en général), c’est plus d’ordre général (j’oserais dire philosophique). J’ai la chance de pouvoir consacrer du temps pour l’alimentation. Je ne parle pas seulement de faire à manger, mais aussi tout ce qu’il y a autour. Je suis convaincu que de savoir comment est fait son repas est aussi important que sa composition. Sans virer dans le « c’était mieux avant », je trouve qu’on a perdu le lien avec notre alimentation. Le boom des émissions culinaires, des coachs, des cours de cuisine indique que nous ne savons plus cuisiner.
Le XXe siècle a permis de s’émanciper des tâches ménagères (principalement la femme). C’est amusant de voir que dans les années 1950, les gens imaginaient la ménagère des années 2000 avec pleins de robots lui permettant d’être plus rapide. Ils n’imaginaient pas qu’elle puisse acheter ses carottes déjà râpées. Je ne dis pas que cette émancipation est mal, je dis juste qu’elle est peut être allée un peu trop loin. J’entend souvent que les gens trouvent les fruits et légumes trop chers. J’ai surtout l’impression que c’est une façon polie de dire que c’est trop chiant à préparer (au passage, si quelqu’un a une étude qui compare les prix à la portion entre plat préparé et l’équivalent fait maison, je suis preneur). Je suis prêt à prendre le pari que les gens ne savent plus quels sont les produits de saison.
En faisant la popote, j’amène mes filles sur le marché histoire qu’elles puissent voir les produits qu’elles mangeront, mais aussi ceux qu’elles ne mangeront pas (ma grande fierté est de les voir nommer les légumes sur l’étal des maraîchers). De temps en temps, on fait du pain pour qu’elles puissent voir comment c’est fait (mais la plupart du temps, on passe quand même chez le boulanger). J’espère qu’elles en retireront une certaine forme de culture alimentaire et qu’elles sauront être autonome.
J’ai souvenir d’un livre sur le marketing santé dans l’alimentaire qui disait que le consommateur avait perdu le lien avec ce qu’il mange et que cette perte de lien est à l’origine de pas mal d’angoisse. Je ne sais pas si cette affirmation est vraie, en tout cas, j’espère que les enfants sauront être maîtres de leur alimentation pour des raisons de santé, écologiques et économiques.
Et elle a oublié de se poser la question de savoir comment ça se fait que les petits pots ne pourrissent pas alors qu’ils restent des semaines en rayon? Et que bien sûr, il n’y aurait pas de conservateurs dans la liste des ingrédients, non, ça ne fait pas bien de noter cela.
Je pense et je réagis peut-être un peu fort, qu’elle a un comportement de mouton face à la vague de marketing qui nous envahit à chaque fois…
Keep cool. Il ne faut pas diaboliser les produits industriels sous pretexte qu’ils sont industriels. Ils ne faut pas oublier que c’est quand même pratique et que si je suis au taquet en fait maison, c’est parce que j’ai du temps.
Les conservateurs, c’est pas optimum, mais ce n’est pas pour autant que c’est forcément mauvais pour la santé.
Et vos pots de confiture, vous y mettez des conservateurs. Il faut réfléchir avant de sombrer bêtement dans la théorie du
Complot. Une stérilisation et une mise sous vide sont de parfaits conservateurs.
Y’a aussi moins de nitrites dans les petits pots mais je suis d’accord avec l’auteur pour tout le reste. Surtout sur le côté comportementaliste de la question.
Encore une fois keep cool, vous êtes sur un blog de gentils

Pour la stérilisation, faut pas la louper, parce que sinon, c’est le drame
Bonjour !
Je découvre ton blog via mon Marichéri (un autre mauvais père) et Twitter…
C’est drôle, je me pose les mêmes questions en ce moment sur la nourriture. On a demandé (et pas obtenu) une place de crèche, du coup ma fille est gardée par une nounou. En ce moment elle commence la diversification, et je suis en train de réaliser que c’est top parce que nous pourrons décider ce qu’elle mange, le préparer nous mêmes à partir de bons produits (ou acheter des Blédina quand on aura la flemme), mais en tout cas c’est notre décision. Je n’y avais jamais réfléchi avant, mais en fait je suis bien contente qu’elle ne découvre pas encore la cantine dès maintenant…
Et puis bon, je ne peux pas dire que j’aie de bons souvenirs des cantines scolaires
Pourquoi cette nouvelle obligation pour les crèches de fournir la nourriture ? A ta connaissance, ça inclut le lait, donc exit les biberons de lait maternel ?
la CAF souhaite que les crèches fournissent nourriture et couches. Le pb c’est qu’il n’y a pas de financement prévu. Donc c’est la mort pour les crèches associatives. Ca ne concernerait que les repas. Le lait resterait à la charge de la famille.
je suis d’acc pas besoin de diaboliser les produits industriels mais ça me rendrait triste si mes enfants ne mangeaient que ça (de meme que c’est chouette de gouter de la vraie confiture de mamie etc…)
nous on a choisi de faire ce qu’on pouvait nous-même (= de moins en moins à l’arrivée de chaque nouvel enfant) mais en tout pret on a surtout choisi des legumes simples
en ayant gouté nous meme
je ne leur donne pas ce que moi je trouve degueu et sans gout
finalement peu de petit pot ont passé le test et c’etait toujours que des petits pots a base d’un unique légume
il existe tout preparé dans le surgelé des purées 100% legumes sans sel (carottes potiron brocolis je crois) qui ont de bon gout de legumes
donc y’a moyen d’etre debordé et de donner quand meme des choses avec du gout!
et en grandissant ils font la cuisine avec nous!
(et chouette chouette blog!!)
merci pour les compliments.
L’idéal serait de pouvoir faire un max de fait maison, mais les petits pots, c’est quand même bien pratique
bonjour, je suis auxiliaire de puériculture en crèche et papa, la crèche associative où je travail bénificit d’une cuisine faite maison par une fille en contrat précaire, le budget alimentation est énorme, mais les enfants s’intéressent à ce qu’ils mangent et dès qu’ils commencent à parler ils commencent à savoir ce qu’ils mangent et à en discuter. Et en plus nous mangeons avec eux ce qui apporte de grands résultats sur le plaisir à goûter à tout.
Ah la la, je suis passée par là. Heureusement finalement, mon fils ne tolérant pas le lait de vache, il fallait fournir l’intégralité du repas de la maison.
Et c’est beaucoup mieux.
Il n’y a pas que l’élaboration du menu qui compte, je suis bien d’accord!
La qualité, la provenance, le goût des produits utilisés, c’est hyper important pour nous.
Je travaille dans des écoles, et quand je vois ce qui est servi à nos enfants, ça m’écœure (et j’en ai testé, des cantines, en tant que remplaçante!).
Personnellement, je suis incapable de manger ce qui a sur leurs plateaux.
Les légumes sont tout mous, les fruits pas mûrs et la viande….beuh.
Et je ne comprends pas pourquoi les parents n’ont pas le choix entre le plateau de la cantine et la fourniture d’un panier repas, comme dans les autres pays???
Je ne sais pas. De l’idéologie peut être ?
» J’ai la chance de pouvoir consacrer du temps pour l’alimentation ». Tant mieux pour vous. Certains d’entre nous travaillent 40h/semaine et n’ont pas le temps de faire la popote chaque jour. Certains d’entre nous ne pensent pas non plus que leur épanouissement personnel passe par la cuisine. Enfin, certains n’ont pas les moyens que d’acheter à leurs enfants de la nourriture bas de gamme (certains parents n’ont même pas de quoi acheter des petits pots). C’est pour éviter ces inégalités que la CAF a mis en place cette obligation. Mais l’entreprise qui fournit peut être bio, locale, et préparer des plats frais (et non industriels). Et du coup, cela fournit de l’emploi au niveau local et des plats de qualité aux enfants. Quant à la CAF, elle a mis 147 millions d’euros (d’argent public) sur la table pour financer cela. Comme d’habitude c’est l’individualisme-roi (« moi mon enfant ») qui condamne une mesure bénéfique pour la collectivité dans son ensemble. Je rappelle qu’il s’agit de service public et que l’équité entre les usagers est un objectif prioritaire. Libre à vous de mettre votre enfant dans une crèche privée ou chez une nourrice, où vous pourrez lui donner à manger ce que vous voulez.
Avec un peu de retard, ma réponse.
Je vis à Rouen et travaille à Paris pour un boulot qui me prend un peu plus que 40h/semaine.
Je pense ne pas avoir de leçon à apprendre de quiconque. Je ne parle pas d’épanouissement, mais d’autonomie. Etre capable de faire sa popote me semble important si on veut limiter sucre, sel et huile de palme des produits industriels.
Maintenant, chacun voit midi à sa porte, mais qu’on ne me parle pas de contraintes indépassables. Il y a des organisations et des équilibres de vie à trouver.
Pour ce qui est de la CAF, la circulaire va accélérer la faillite des structures associatives qui ne pourront pas négocier les prix sur les volumes. Ayant été président d’une crèche associative (non parentale) je suis a votre disposition pour en discuter