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Un service public de la petite enfance : une fausse bonne idée ?

nov 30, 2012 ~ 4 Commentaires ~ Par Greg

Cela fait quelque temps que ce billet m’occupait l’esprit. Les récentes campagnes d‘Osez le Féminisme et du collectif Crèche qui se passe sur la création d’un service public de la petite enfance m’ont motivé à le finaliser. Cette campagne rappelle au Président Hollande les promesses du Candidat (enfin partiellement, car je ne me souviens pas que le Candidat Hollande se soit prononcé sur un nombre de places en crèche).

En substance, la campagne dénonce un manque de places en crèche et demande :

  • La création de 500 000 places en établissements collectifs (en crèche donc);
  • La création d’un service public de la petite enfance;
  • La lutte contre les inégalités sociales et territoriales dans l’accès à des modes d’accueil.

La démarche est louable car elle fait écho à de réels problèmes. L’inégalité d’accès est un problème majeur car il n’existe a aucune structure organisant le maillage des différents modes d’accueil sur le territoire. Les crèches, les assistantes maternelles, les haltes garderie peuvent s’installer n’importe où. Au final, si au niveau national, il existe 1 place d’accueil « formel » sur 2 enfants de moins de 3 ans en 2010, la capacité d’accueil sur un département peut aller de 9 à 80 places pour 100 enfants (Source ici : page 23). En outre, il n’existe pas de règles homogènes et transparentes sur l’attribution des places. Ce que l’on peut dire, c’est qu’il y a une tendance à préférer les couples où les deux parents travaillent parce que c’est plus simple au niveau gestion (c’est triste, mais c’est un fait).

Les plus observateurs d’entre vous auront remarqué une différence importante entre mes chiffres et ceux présentés par ces collectifs. C’est normal et cela souligne une utilisation un peu étrange des chiffres à disposition . Tout d’abord, le coeur de leurs revendications : 500 000 places de crèches supplémentaires.  Je ne sais pas d’où vient ce chiffre, mais il me donne le sentiment d’être fait pour impressionner que pour faire état d’un réel besoin. Parmi les chiffres qui circulent, on estime le besoin entre 300 000 et 500 000 places… d’accueil (c’est à dire crèches, assistante maternelle…). La CAF ne cherche pas à privilégier spécialement le secteur des crèches mais à proposer une offre diversifiée. Là où OLF dit « Seul un enfant sur dix a une place en crèche », la CAF répond « la capacité d’accueil en mode de garde formel prend en charge un enfant sur deux ». Tout le monde a raison, faut il encore que l’on s’entende sur l’objet du débat.

On peut discuter longtemps de la pertinence de cette politique, mais il semble qu’elle soit en phase avec les attentes des familles. Si l’on en croit les enquêtes de la CAF, environ un quart des familles souhaite une place en crèche, un quart souhaite une assistante maternelle, un quart souhaite s’occuper de leur enfant (et oui, tout le monde ne souhaite pas de mode de garde) tandis que le dernier quart n’a pas de préférence (Source ici). Reste qu’il y a des différences entre le mode de garde souhaité et le mode de garde obtenu (ce qui me semble être plus pertinent à suivre que le nombre de places d’accueil, mais c’est un avis personnel)

25% d’enfants de moins de 3 ans en crèche : les revendications d’OLF sont en phase avec les attentes des familles. Par contre, elles le sont beaucoup moins avec les mathématiques car d’après mes savants calculs, on est plutôt autour de 241 000 places de crèches supplémentaires (mais quand on aime…).

Je passe sur les autres points de formes (comparaison internationale, chiffres partiels (partiaux ?), condescendance vis à vis des couples (des femmes) souhaitant garder eux mêmes leurs enfants…) car je ne veux pas m’enfermer dans une bataille de chiffres qui n’est pas l’essentiel de mon propos (et puis ce serait sans fin).

Ce qui me gène plus dans cette campagne (je met OLF et Crèche qui se passe dans le même panier parce qu’ils vont dans le même sens et que c’est plus simple pour moi :-) ), c’est le fond des revendications : la création d’un service public de la petite enfance.

Tout d’abord parce que je ne sais pas ce que cela veut dire. Néanmoins, tous les cas, je pense que cette problématique dépasse largement le simple cas du nombre de places de crèche.

Est ce que cela veut dire que la puissance publique doit (ré?)investir le secteur pour assurer une meilleure organisation du secteur et un meilleur accès aux personnes qui en ont le plus besoin ? Je le pense et je suis d’accord avec cette campagne quand elle évoque le besoin de lutter contre les inégalités territoriales et sociales :

  • Créer des places, c’est bien, mais les créer là où il y a des besoins c’est mieux. Le Centre d’Analyse Stratégique évoquait la mise en place de schémas départementaux (Source ici). Je ne sais pas si le département est la bonne maille, mais un chef d’orchestre me semble nécessaire pour ouvrir des places d’accueil là où il y a besoin.
  • Créer des places, c’est bien, mais les rendre accessibles à ceux qui en ont besoin, c’est mieux. La nécessité d’une coordination n’est pas que géographique, elle est aussi sociale. L’orientation des familles devrait tenir compte de leurs moyens car une assistante maternelle coûte plus chère à un foyer à faible moyen qu’une place en crèche (un rapport de 1 à 2,5) alors que la dépense est à peu près la même pour les hauts revenus. En même temps, une place en crèche revient plus chère aux finances publiques qu’une assistante maternelle). Raison de plus pour proposer des modes de garde variés et de concentrer la dépense sociale à destination de ceux qui sont dans le besoin (Source ici : page 47 et 49).

Cependant, là où je ne suis pas du tout d’accord, c’est sur le rejet du privé dans ce secteur. Est ce que cela veut dire qu’une bonne crèche doit être une crèche publique (voir associative) ? Je ne le pense pas :

  • La sélection des familles n’est pas spécifique au privé. Il me semble que la priorité est aussi donnée aux familles où les deux parents travaillent. Un des témoignages du site d’OLF en parle. Bonjour si vous êtes chercheur d’emploi.
  • Pour tous les chiffres de capacité cités plus haut, on parle de capacité théorique et pas effective. Si une crèche a un agrément de 30 places, les 30 ne sont pas forcément occupées. On parle alors de taux d’occupation. Lorsqu’une crèche a signé une convention avec la CAF, elle demande un taux minimum de 70%. La recherche de productivité, elle existe et c’est plutôt une bonne chose. Si une structure peut accueillir 30 enfants, autant se rapprocher de 30. D’après les échos que j’en ai, les crèches publiques ne les atteignent pas forcément. C’est dommage.
  • Au final il est où le problème ? Que des entreprises à but lucratif face du profit ? Mais « sur le dos » de qui le font elles ?

Si une crèche est conventionnée par la CAF le coût pour la famille sera exactement le même quelque soit le type de crèche (si ce n’est pas le cas, c’est illégal). S’il y a profit, c’est par des économies d’échelle (les crèches privés sont souvent en réseau et peuvent acheter « en gros »), en optimisant leur taux d’occupation (ce qui peut les transformer en usine, je vous l’accorde) et en louant leurs places aux entreprises (et là, elles margent).

Faire porter sur les entreprises privées une partie du coût de création de nouvelles places ne me pose pas particulièrement de problème. Au contraire. Ne voyez pas pas d’excès de libéralisme de ma part, cependant je trouve que c’est une excellente façon de faire rentrer la parentalité en entreprise. Si j’étais provocateur, je dirais que les places en crèche doivent être les tickets resto du XXIe siècle. Un avantage « offert » au salarié, au même titre qu’une mutuelle ou un CE dynamique. Une place de crèche ce n’est pas « faire du social » telle une Dame Patronnesse au XIXème siècle, c’est une façon de garder ses salariés et assurer leur disponibilité à moindre frais compte tenu des multiples crédits d’impôt disponibles pour soutenir cette démarche. C’est rappeler qu’un salarié peut être aussi un parent (que ce soit un homme ou une femme).

Je pourrais également parler des défis qui attendent les crèches dans les mois à venir car il y a matière. Entre autre, les crèches devront fournir couches et repas sans augmenter les cotisations aux familles. Si c’est une bonne nouvelle pour les parents, ça l’est moins pour les crèches (surtout associatives) car si les subventions municipales ne suivent pas, c’est une partie des crèches qui fermera, faute d’avoir pu investir et financer dans ces nouvelles prestations.

Ce billet étant déjà abominablement long, je m’arrêterais là (ça pourra être l’objet d’un autre billet) et suis prêt à poursuivre l’échange (j’espère) en commentaires ou sur twitter.

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4 Commentaires

  1. obiwanseb's Gravatar obiwanseb
    03/12/2012 at 12:10 | Permalink

    Très bien ton article, qui résume parfaitement la situation dans laquelle nous sommes. On pourrait compléter par l’existence des crèches privés (j’en ai une au travail) sous exploitées au final (suel 80% des places sont occupées chez moi). L’avantage, c’est que ça donne des crèches de luxe :-)

    Reply
    • mauvaispere's Gravatar mauvaispere
      03/12/2012 at 12:12 | Permalink

      ca vaut mieux que certaines creches publiques à 50%
      80%, c’est pas affreux non plus. 100% n’est pas atteignable. Il suffit qu’un gamin ait la crèche pour être dedans. On ne va pas faire de surbooking non plus :-)

      Reply
  2. Berzingh's Gravatar Berzingh
    11/12/2012 at 15:22 | Permalink

    Tous ces éléments sont fort intéressants. Dommage que les débats sur le sujet ne se reposent pas plus souvent sur ce genre d’éléments.

    Concernant plus particulièrement les crèches d’entreprise, le soucis c’est qu’elles se trouvent… dans les entreprises. Si les parents habitent près de l’entreprise en question, ça ne pose aucun problème. Par contre, lorsque ce n’est pas le cas, ça suppose fatalement que la responsabilité des enfants incombent à un seul des deux parents. De plus, dans des endroits comme l’Île de France, les temps de transport pour arriver jusqu’à son lieu de travail sont facilement de l’ordre de l’heure, voire plus, par sens. Difficile d’imposer cela à un enfant en bas âge (et au parent qui va devoir gérer le dit enfant).

    Reply
    • mauvaispere's Gravatar mauvaispere
      11/12/2012 at 18:04 | Permalink

      Ce n’est pas exactement vrai. Une entreprise peut financer une creche exclusivement pour ses salariés ou elle peut louer des berceaux dans une creche ou un réseau de creches donné qui peut se trouver proche du domicile du salarie. Allez voir des structures genre BBbook, ils seront plus a meme de vous renseigner

      Reply
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