Qui n’a jamais eu de problèmes pour convaincre ses enfants de faire ce que vous souhaitez qu’ils fassent ? Le moment le plus heureux de ma paternité fut pendant la grossesse de ma fille aînée. J’avais à la fois la fois d’attendre un enfant et la certitude dans mes principes éducatifs. Cruelle désillusion. J’ai très rapidement compris que je ne devrais me contenter que de la joie d’avoir un enfants, parce que pour les principes éducatifs, je me suis vite rendu à l’évidence que ma progéniture ne se laisserait pas dresser comme je le souhaiterais. Comme le dit très bien Poule Pondeuse : « Avant j’avais des principes, maintenant, j’ai des enfants ».
Ce n’est pas que mes filles soient odieuses, mais elles sont chacune les meilleures dans leur partie. Mauvaise aînée est la négociatrice en chef. Du haut de ses 5 ans, elle manie la rhétorique bien mieux que bien des adultes. Attentive au moindre propos, elle est prête à s’engouffrer dans la moindre de vos incohérences pour prendre l’avantage (« Mais tu n’as pas dis que… Ah bon, j’avais compris que… Papa, ce que je te propose c’est… »). Pour le coup, je ne peux m’en prendre qu’à moi. Comme aime à le répéter une amie : « Les chats ne font pas des chiens« .
La cadette est plus dans l’empathie, les grands cils qui papillonnent des câlins pour éviter la soufflante. Vous savez bien, le genre de petites filles qui vous regardent avec des yeux de teckels que l’on abandonne sur le bord de l’autoroute des vacances, qui usent et abusent des « Mon-petit-papa-que-j’aime-plus-que-tout-au-monde-de-l’espace-et-de-l’au-delà-et-que-même-si-on-trouvait-la-limite-de-l’univers-ce-serait-pas-suffisant ». Pour la Benjamine, c’est encore tranquille, seulement parce qu’elle n’a que 6 mois. Pour le reste, je sais bien que pour se faire une place au soleil, elle devra creuser son propre sillon.
Heureusement que j’ai de l’expérience dans la palabre, ça m’aide à tenir la longueur. Mais il ne faut pas que je me repose sur mes lauriers. Pour l’instant, quand je négocie avec elles, c’est une après l’autre. Mais je n’ose pas imaginer quand je devrais avoir à affronter la fratrie. C’est au détour d’un JT sur France 2 que j’apprend l’existence du livre « Devenez meilleur négociateur que vos enfants » J’avoue, le titre m’a fait rire. Mais ce qui m’a le plus fait tiquer, c’est l’auteur. Laurent Combalbert, ancien négociateur du RAID. Un passage rapide en 4ème de couverture donne rapidement le ton :
« J’ai passé les quinze dernières années à préparer et à mener des négociations considérées comme les plus difficiles et les plus risquées au monde. J’ai fait face à des forcenés retranchés, j’ai négocié avec des rebelles sud-américains, des criminels de toutes sortes… Pourtant, ces négociations sont bien loin d’égaler en termes de complexité et de moments de grande solitude celles que je mèe au quotidien à la maison : en effet, j’ai quatre enfants ! «
Si même un négociateur du RAID a du mal avec ses gamins, je me dis que je ne suis pas totalement à la ramasse. Si on ne négocie pas avec les terroristes, faut il négocier avec ses enfants ?
Passé tout l’habillage promotionnel du livre, j’ai trouvé un ouvrage bien écrit et très intéressant à plus d’un titre. Intéressant par ce qu’il revient sur des questions de base telles que « C’est quoi l’autorité parentale ? » ou « Comment aborder les discussions avec mon/mes enfant(s) ? ». Paradoxalement, il ne répond pas à ces questions ce qui lui permet d’éviter l’écueil de ce genre de livre qui est de donner la vérité de l’auteur. Le propos est plutôt théorique ce qui lui donne une dimension pédagogique intéressante en offrant au lecteur une grille de lecture qu’il peut appliquer à la propre situation.
Si on pouvait résumer l’idée du livre en quelques mots, c’est de donner un cadre de négociation entre parents et enfants où l’autorité parentale s’exprime au travers d’une relation équilibrée avec ses enfants. Car sans relation fondée sur une confiance réciproque, il n’y a pas de négociation possible.
Chaque chapitre est ponctué des auto-diagnostics des petits exercices permettant de voir où l’on en est. Les propos sont également illustrés par des exemples de familles où l’on se retrouve plus ou moins en fonction de sa situation personnelle. Enfant unique, familles nombreuses, gestion de l’ado on retrouve un peu de tout. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est qu’on sort des poncifs « le père punit, la mère cajole ». Si c’est la répartition historique des rôles, elle n’a rien d’immuable.
Bref, j’ai beaucoup aimé le livre et je le recommande vivement. Même si à la fin, on se dit que c’est bien joli tout ça, mais que ce n’est pas simple de le mettre en pratique, au moins, certaines bases sont posées sur lesquelles on peut construire sereinement.
Pour ceux que ca intéresse et/ou qui ont déjà lu le livre, j’ai Laurent Combalbert au téléphone mardi prochain pour lui poser quelques questions. Si vous en avez, je transmettrais.
Bonjour, contente de relire un article par ici, et en plus des plus intéressants… la petite dernière a déjà 6 mois, qu’est ce que ça passe vite !!! Ce livre a l’air plutôt bien, ce qui me surprends c’est l’auteur, j’espère qu’il est plus conciliant avec les enfants qu’avec les terroristes. Merci pour le partage de ta découverte, et n’ayant pas encore d’enfant, pas de question pour ma part à M. Combalbert. Bonne journée
d’après ce que j’ai lu, il a tendance a dire que les enfants sont moins conciliants que les terroristes