Comment peut-on passer à côté du nouveau single de Stromae, Papaoutai ?
Sans dire pour autant que je sois fan, j’aime bien l’artiste avec son mélange de Brel et de Papa Wemba (même si, comme souvent, je ne peux pas écouter un de ses morceaux sans avoir à côté de moi mon quart de lexomil). Avec Papaoutai, Stromae signe une chanson qui me touche énormément. Déjà parce que la mélodie est sympa, le clip accrocheur, mais aussi parce que le thème me parle beaucoup (tient donc ?). Chacun de ses deux couplets m’interpelle, pour des raisons différentes.
Ah sacré papa. Dis-moi où es-tu caché ?
Le premier évoque la recherche du père. Si j’ai bien suivi, il y a une part autobiographique dans cette chanson. Stromae n’a pas beaucoup connu son père qui est mort lors du génocide au Rwanda (minute pathos). Le père y est à la fois factuellement absent et terriblement présent. Il y a énormément de raisons pour lesquelles un père peut être absent. L’irresponsabilité familiale… les responsabilités professionnelles… l’incapacité de la mère de lui laisser la place qu’il souhaite (ouh le vilain troll ! )… Dans mon cas, ce fut sa mort lorsque j’avais 8 ans. Pendant longtemps, j’ai cru à une farce et qu’un jour je le retrouverais à la sortie de l’école. Quelque part, je me dis que je l’attend toujours.
Serons-nous détestables ? Serons-nous admirables ?
La seconde raison est parce qu’elle reprend les interrogations que je peux avoir sur ce qu’est… sur ce que doit être… sur la paternité (et quand je lis les requêtes formulées avant de tomber sur ce blog, je me dis que je ne suis pas le seul). Ces interrogations ont même été jusqu’à m’inspirer le nom de ce blog. Je me suis toujours demandé quel père je ferais et quel père je suis. J’ose croire que mes filles me trouveront acceptables (de toute façon, c’est trop tard pour me ramener en magasin). A lire les papiers des journaux sur le titre, on a l’impression que la chanson est tournée vers le passé « l’absence de la figure paternelle et le besoin de connaître ses origines », ou sur le « départ du père » alors que cela ne me semble pas le cœur du texte.
Dites-nous qui donne naissance aux irresponsables ?
Je trouve que cette chanson, au contraire, que cette chanson est tournée vers l’avenir, même si cet avenir consiste en un point d’interrogation. Il y a effectivement plusieurs raisons qui expliquent l’absence du père. Face à cela, il n’y a pas beaucoup de soutien pour être présent, soyons franc. La paternité est une notion relativement récente. J’ai souvenir de mon oncle qui me racontait que mon grand-père n’a jamais changé de couches ni même qu’il n’a jamais poussé la poussette de ses enfants. On revient de loin. Pour mon père, c’est difficile à dire, comme il est difficile dans ces situations de chercher conseil auprès de sa famille. Difficile également de trouver le soutien auprès de l’entreprise qui considère encore trop souvent qu’un enfant, c’est du ressort de la mère.
Monsieur Je-sais-tout en aurait hérité, c’est ça ? Faut l’sucer d’son pouce ou quoi ?
En attendant la rédaction d’un mode d’emploi, il faut bien admettre que l’on fait comme on peut (enfin, pour ceux qui s’impliquent) et cela n’a rien de « naturel » (pareil pour la mère vous allez me dire, mais vous ne m’empêcherez pas de penser que ce n’est pas la même chose).
Merci à toi, Stromae, pour cette belle chanson qui tinte à mes oreilles et qui me rappelle la différence entre un géniteur et un génie, entre quelqu’un de formidable et de fort minable. Merci de me rappeler que le nom de ce blog n’est pas qu’une formule rhétorique ou une provocation. C’est aussi un risque si on n’y fait pas attention.
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Je suis fan aussi de ces 2 titres : Papaoutai et Formidable. Le reste de l’album vaut le détour aussi.
Ne voir que la critique d’un père absent dans papaoutai est très réducteur pour cette chanson, je suis d’accord avec toi. Elle questionne plus la place du père dans la famille, à mon sens…
PS : j’aime bien ton troll
Pourtant je suis plutôt un garçon qui n’aime pas déranger :-p
Cette chanson m’a interpellé dès la 1ere fois que je l’ai entendue !! Perso, père présent si l’on veut .. Trop de disputes, de violences verbales et parfois physiques .. Trop de mauvaises paroles à l’égard de ma mère (parents divorcés fin années 70, à l’époque j’étais la seule de l’école à être dans ce cas ! Les temps ont bien changés).
Mon fils de bientôt 2 ans en est fan, pas pour les mêmes raisons à mon avis.
On ne peut pas rester indifférent à ce texte !
Mauvais père, bien à toi, continue sur cette voie.
Cordialement