Je ne vais pas vous mentir, j’en ai vraiment plein le fondement. Je viens de lire les principales mesures du gouvernement autour de la « réforme » des retraites. Je me demandais ce que pouvait donner une réforme des retraites « de gauche »… Je ne suis pas déçu. Elle est surement très bien pour les baby-boomers, mais pour les trentenaires et les quadra, on va encore payer pour les vieux sous prétexte qu’ils ont cotisé pour avoir leur retraite. Moi qui pensais benoîtement que nous avions un système par répartition et que les vieux d’aujourd’hui ont cotisé pour les vieux d’hier. Car au final, c’est moi qui cotise pour les vieux d’aujourd’hui… Sans aucune assurance que quelqu’un cotise pour moi qui suis un vieux de demain. Cela dit, d’ici à ce que je sois à la retraite, il y aura surement une dizaine de réformes « majeures » qui viendront me promettre des lendemains qui chantent. Au pire, nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne canicule des familles qui viendra équilibrer le rapport cotisant/retraité (rhoooo !!!).
Cependant, ce qui m’énerve le plus, c’est le coup « d’égalité des sexes »-washing qui vise, à terme, à transformer une majoration de pension de 10% à destination des familles de 3 enfants et plus en prime versée exclusivement aux femmes. J’imagine que c’est parce que ce sont les femmes qui « sacrifient » leur carrière pour s’occuper des enfants, qu’il y a un écart de salaires entre homme et femme, qu’il faut bien trouver une mesure qui fasse « de gauche ». Que les femmes aient une compensation au titre de la maternité, c’est justifié car, à moins que la grossesse et l’accouchement ne soient une construction sociale, c’est la femme qui porte les enfants. Ecrire dans le marbre qu’une loi qu’une « prime enfant » soit versée exclusivement à la mère est une bêtise sans nom, une double discrimination et un aveu d’impuissance.
C’est une bêtise, au moins sur la forme. Avoir une famille nombreuse n’est pas une faute qu’il faille sanctionner. Les personnes concernées par cette mesure ont fourni « à la Nation » des individus aptes à cotiser pour payer les retraites de leur baby-boomer de parents. Je sais qu’il y a des façons plus glamour de considérer la parentalité, mais il n’empêche que l’on est bien content d’avoir une natalité importante pour préserver notre modèle sociale. Justifier la suppression de cette majoration à cause de son universalité est dangereux. Je ne veux pas faire un cours sur l’histoire de la politique familiale mais elle a été construite sur un principe d’universalité des prestations. Qu’on soit pour ou qu’on soit contre il me semble intéressant de prendre un minimum de temps avant de toucher à un principe fondateur de quelque chose qui, à priori, marche.
Jean-Marc, si tu me lis, j’aimerais bien savoir si tu considères qu’un enfant est une charge pour la société. Entre ça, la baisse du coefficient familial, c’est à se demander si la famille n’est pas considérée uniquement comme un poste de coût ?
Dites moi si je me trompe, cette prime ne concernera que les femmes ayant des enfants. Si c’est le cas, c’est sympa pour les nullipares qui peuvent également subir d’une discrimination salariale et qui ne seront pas éligibles à cette prime. Si ce n’est pas le cas, peut être que le gouvernement prend acte de l’impossibilité de faire évoluer les mentalités en profondeur. On parle d’une réforme qui aura lieu entre 2020 et 2035, ce qui laisse de la marge. Est-ce une injustice si énorme qu’on ne puisse traiter que les symptômes ?
C’est également, vous me voyez venir, une formidable discrimination vis-à-vis des hommes, et surtout vis-à-vis de ceux qui souhaite s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants. Quelque soit le degré d’implication du père auprès de ses enfants, ses efforts ne seront jamais reconnu car la prime ira exclusivement à la femme. A se demander pourquoi on se fait suer à changer des couches et à moucher les nez. Le fait que cette réforme soit lointaine et qu’il y a peu de chance que des hommes de ma génération (celle qui se bouge un minimum) en voient la couleur (parce qu’elle sera abrogée avant) renforce la dimension cosmétique de la mesure. Ça fait plaisir aux féministes et ça sanctuarise la femme dans son statut de victime du vilain Patriarcat.
Pour l’instant, on n’est pas dans le cadre d’un projet de loi. Ce ne sont que des pistes, des ballons d’essai. J’attend de lire le projet final. Néanmoins, je crains que l’esprit général du projet n’aille dans ce sens. J’ai lu également qu’il y aurait une mesure qui permettrait aux parents, homme et femme, de toucher quelque chose s’ils se sont effectivement arrêter pour s’occuper de leur(s) enfant(s). C’est bien, mais s’occuper de son enfant se limite-t-il aux congés parentaux ?
Faut il vraiment que dans un projet de loi sur les retraites on trouve une mesure qui inscrit dans le marbre la responsabilité de la mère à l’enfant ?
Faut il vraiment que dans un projet de loi sur l’égalité homme/femme on trouve une mesure de lutte contre les violences faites aux femmes, une autre pour renforcer le contrôle sur le versement des pensions alimentaires. Je ne dis pas que ces mesures ne soient pas importantes, mais faut il que l’égalité soit atteinte par des mesures punitives ? Drôle de conception de l’égalité.
Je ne parle même pas de la réforme du congé parental qui mériterait un billet à lui tout seul et qui me semble plus efficace pour faire des économies sur la branche famille de la sécurité sociale que pour faire évoluer les mentalités.
Pourquoi un homme irait s’emmerder à s’occuper de ses mômes ? Parce que la femme est victime de discrimination et qu’il n’est pas normal qu’elle soit la seule discriminée ? C’est vrai que cela donne envie !
Je rêve d’une politique qui implique les syndicats dans la prise en compte de la parentalité dans les négociations en entreprise. S’attaquer aux pensions de retraite, c’est bien. S’attaquer aux différences de salaire, c’est mieux : faut il attendre d’être à la retraite pour être égaux ?
Je rêve d’une politique qui considère que s’occuper d’enfant n’est pas qu’une question d’argent, mais également une question « d’organisation ». Est il juste d’avoir à payer une nounou parce qu’un élu local ne voit pas de problème à ce que l’on doive chercher son enfant à 15.45 ou parce que ces enfants se retrouvent dispersés en ville lorsqu’ils vont au centre aéré ?
Je rêve d’une politique qui aborde les problèmes dans leur complexité et pas du petit bout de la lorgnette.
Mais ça, ça ne semble pas être à l’ordre du jour
En ce jour hommage a Martin Luther King, tu rêves… Je rêve aussi, comme toi, vraisemblablement beaucoup trop.
je rêve aussi d’autres billets sur ton blog 😀
😉
ca veut dire oui ? B)
« I have a dream! » c’était la journée pour
la classe