Depuis quelques temps, depuis le projet de loi Egalité Homme/Femme je crois (ou Femme/Homme, je ne sais plus), je suis contacté par journalistes et étudiants en journalisme. Il faut croire que le sujet est en passe de devenir un marronnier. A chaque fois, la même question « Bonjour, je réalise un sujet sur les pères au foyer, pourrais je vous interviewer ? »
Pour être franc, dans un premier temps, cela me flatte car je suis identifié comme un interlocuteur intéressant (et que mon référencement n’est pas trop mauvais :-P). Après, il faut le reconnaître, ça m’énerve un peu. Comme si un homme ne pouvait pas s’impliquer dans la sphère familiale sans arrêter de travailler.
Quand je dis que je me suis remis à bosser, il y a souvent comme une déception. Pourtant, ce n’est pas comme si je faisais 4h de transport par jour, que j’avais négocié 2j de télétravail par semaine, que j’avais des horaires de travail variables pour pouvoir m’occuper de mes filles, m’adapter aux horaires contraignants de ma femme et m’épanouir professionnellement.
Je ne me plains pas car c’est mon choix et, même si c’est dur, je suis heureux de mener tout de front avec ma femme. J’ai toutefois l’impression que ce type d’investissement est totalement invisible. Tout ce que l’on retient, c’est le faible nombre d’hommes prenant un congés parental. Comme si s’arrêter de travailler pour un homme était le summum de l’investissement paternel.
Il y a quelque chose que j’ai du mal à comprendre. Je ne pense pas me tromper en disant que la mère au foyer est considérée, en général, comme has been, comme quelque chose qu’il ne faut pas faire. Parallèlement à cela, j’ai vraiment l’impression qu’être père au foyer est l’archétype de l’homme moderne. Comme si on ne pouvait pas vraiment être impliqué personnellement et professionnellement.
Alors amie journaliste ou wanabe journaliste, quand tu veux faire un sujet sur l’égalité Homme/Femme, pose toi cette question : Vaut-il mieux un homme qui s’arrête pour s’occuper de ses enfants ou un couple qui discute pour savoir comment partager les tâches tout en s’épanouissant professionnellement ?
Tu as 4 heures
[Edit] En fait, ce qui est profondément dérangeant dans cette histoire, c’est l’impossibilité de penser que l’on puisse vivre pleinement une vie professionnelle ET une vie personnelle. C’est vrai autant pour les hommes que pour les femmes. Un homme qui s’implique familialement sera considéré comme un mauvais professionnel (tu as pris ta demi journée ?) tout comme une femme qui travaille sera considérée comme une mauvaise mère (Ah bon ? Mais ca te fait quoi de laisser ton enfant à des étrangers ?). On aime bien mettre les gens dans des cases et malheur à celui ou celle qui oserait sortir de ces cases en voulant tout mener de front. Ses efforts seront tout simplement ignorés
Pas encore de commentaires… ben pourtant non, je n’ignore üas ces efforts si pleinement humains… merci pour l’exemple, j’y penserais le jour où j’aurais (peut-être) des enfants!
Hello Greg, bon il semble que je sois le premier à y aller de mon (petit) commentaire. Il y a 22 ans après un échec entrepreneurial « douloureux pour notre couple » et suite à la naissance de notre fille (naissance tout aussi douloureuse pour ma femme) je décidais de me mettre alors à mon compte (en tant qu’illustrateur) cela afin d’être plus présent à la maison (hé oui mon activité de l’époque dans la pub ne me laissait guère de temps libre et ma femme n’avait pas l’occasion de me voir rentrer à la maison avant 22 ou 23H (et plus sans affinité) . 22ans après je ne dis pas que cela a été tous les jours facile, mais, pour rien au monde je n’échangerai ma place contre une autre. Le fait d’avoir été présent tous les jours à toute heure au côté de notre fille m’a permis de développer avec celle-ci une relation hors du commun que beaucoup apprécie et m’envie. De plus, last by not least, le fait de participer aux tâches ménagères ou bien de se taper les courses chez Tarrefour n’a jamais été une prise de tête dans notre couple.Bien à vous, un Papa Poule de la banlieue Parisienne.