Pour ceux et celles qui ne le sauraient pas, j’ai eu l’opportunité hier soir de passer à la télé à une heure de grande écoute (le JT de France 2, pour être précis) avec mon camarade Sébastien. L’enregistrement s’est déroulé début décembre et nous avions un peu perdu espoir de voir le reportage diffusé. Entre l’élection de Sarkozy, les inondations dans le Sud et la promotion de je ne sais plus quel artiste, la diffusion de ce « reportage urgent » a été sans cesse reporté.
Un grand plaisir avec une pointe d’amertume
Je parle d’opportunité car, même si ça fait toujours du bien à l’égo de se voir dans le petit écran, ça fait surtout plaisir de contribuer à faire évoluer l’image de l’homme dans la sphère familiale. Si je témoigne régulièrement sur ma vie de père, ce n’est pas tant pour me faire plaindre ou pour dire au combien je suis un homme extraordinaire (même si je le pense ). Vous me direz, à raison, que les femmes gèrent les deux casquettes depuis longtemps et que ce n’est que justice de voir les hommes prendre leur part des corvées. Reste que si les hommes ne le font pas, ce n’est pas que par manque de volonté. Prendre une journée enfant malade quand on est un homme, c’est aussi prendre le risque de remarques désobligeantes, voire culpabilisantes. Certes, y a tout un système à déconstruire, mais en attendant, j’espère pouvoir montrer que s’occuper de ses enfants n’est pas un drame et qu’on y survit professionnellement.
Un plaisir toutefois teinté d’amertume car j’ai trouvé que le reportage tournait un peu trop autour de la notion de « Père au Foyer » (PAF). Non pas que je trouve cela dévalorisant (je l’ai été), mais c’est un peu réducteur compte tenu de mes jongleries quotidiennes entre boulot et famille. Comme si un homme ne pouvait pas faire 2 choses en même temps. Cela étant dit, ça ne doit pas être simple de faire rentrer deux fois 5 heures de suivi (c’est à peu près le temps que nous a suivi l’équipe télé, Sébastien et moi) dans un reportage d’environ 5 minutes.
Même si je suis un père très présent au foyer, je ne suis pas (plus) à proprement parlé un PAF. Depuis 2 ans, j’ai un emploi salarié sur Paris (pour rappel, j’habite Rouen). J’ai la chance d’avoir un employeur suffisamment moderne pour ne pas confondre performance professionnelle et disponibilité présentielle. Cette modernité se traduit par un télétravail de 2 jours par semaine, ce qui me permet de prendre ma part la gestion du foyer (déposer les filles à l’école/crèche, faire le taxi pour les activités périscolaires, faire 2-3 lessives quand j’y pense…). Cela dit, que mon employeur se rassure (coucou patron), les jours de télétravail, je me couche à minuit pour rattraper le temps où je fais autre chose. Cette flexibilité me convient parfaitement car elle me permet d’organiser mes journées comme je le souhaite et faire rentrer le plus de choses dans la journée.
C’est avant tout une affaire de couple qui cherche à trouver la bonne organisation
Pour arriver à cette forme d’équilibre, il nous a fallu :
- Une très bonne communication avec Madame pour être bien coordonnée : je suis convaincu que la conciliation vie pro / vie perso est une affaire de couple. Ma femme ne prend la place de personne. Je ne m’impose nulle part. Nous avons juste fait le choix de répartir la « charge familiale » selon les souhaits et disponibilité de chacun plutôt que selon notre sexe. Cette répartition n’est pas figé et elle évolue dans le temps. Quand nous avons quitté Paris pour Rouen, j’ai arrêté de travailler pour m’occuper de la maison à 100% (90% serait plus exacte car j’ai toujours réussi à me trouver quelques missions pour ne pas perdre pied professionnellement. Et puis, au détour d’un congés maternité, j’ai accepté une mission longue qui s’est transformé en emploi. Je vous laisse imaginer les adaptations permanentes pour ne pas se laisser enfermer dans un rôle parental.
- Accepter de se faire aider pour se concentrer sur l’essentiel : nous avons mis près d’un an pour accepter qu’il nous fallait de l’aide. Comme les grands-parents et la famille sont restés sur Paris, nous avons une femme de ménage et une personne s’occupe de récupérer les filles certains soirs. Loin d’être un luxe, ces deux personnes nous permettent de mener de front nos vies pro et perso (et de préserver un minimum de vie de couple). Ce n’est pas que le repassage ne me passionne pas, mais je trouve ça chiant à mourir. Cette vie de fou nous permet de gagner quelques sous en plus, autant en profiter pour déléguer.
- Apprendre à gérer sa fatigue et la frustration : un jour, c’est 24h, quelque soit le gouvernement ou les accords de branche. Même si l’on s’organise parfaitement avec toute l’aide que l’on veut, à un moment, il n’y a plus assez de temps pour tout faire. J’ai la chance de pouvoir dormir 5h par nuit sans sourciller, mais je sais que je ne pourrais pas aller au-delà. Je sais également que je ne pourrais pas être aussi présent que je le souhaite pour les sorties scolaires de mes filles. Certains projets professionnels me passeront immanquablement sous le nez, faute de disponibilité. C’est comme ça… C’est la vie.
Faire comprendre que l’ambition ne se limite pas au champs professionnel
La vie est faite de choix et nous avons fait les nôtres. Ces choix nous ont permis d’atteindre un équilibre et je dois dire que celui que l’on a trouvé est plutôt pas mal (pour l’instant).
On me dit souvent que j’ai dû revoir mes ambitions à la baisse au profit de ma femme. C’est vrai…. et faux d’une certaine manière.
S’il est évident que je ne serais pas PDG de ma boîte à 40 ans, je ne pense pas manquer d’ambition. Cependant, je n’ai pas mis toutes mes ambitions dans le domaine professionnel.
Voir ses filles grandir bien dans leurs baskets, planter les graines qui feront d’elles des adultes responsables et respectée, leur rappeler qu’il faut avoir du chaos en soi pour obtenir une étoile qui danse, apercevoir dans leurs yeux une lueur qui me fait comprendre que mon pseudo n’est pas si vrai que ça… Si ça c’est pas de l’ambition
Je me dis que ça doit être un peu frustrant de reprendre la plume sans obtenir le moindre commentaire. Mais tu ne nous aides pas, il n’y a rien à ajouter à ce que tu as écrit. Ça fait seulement plaisir de te relire.