Deux mois se sont passés depuis la rentrée scolaire, il est plus que temps de faire un petit billet de rentrée (de faire un petit billet tout court en fait). Au risque d’en faire un marronnier personnel, je pensais initialement faire un billet sur les rythmes scolaires. Toutefois, au vue de ce qui s’est passé ces derniers mois, j’aimerais aborder le sujet avec un angle plus large.
Mon point de vue sur la réforme des rythmes n’a pas changé : si l’idée initiale est séduisante (avoir un temps de travail mieux réparti pour améliorer les apprentissages), l’application est malheureuse. Cela dit comme dit l’adage, « quand je me vois je me désole, quand je me compare, je me console ». De ce que je peux lire sur les réseaux sociaux, dans la presse ou en discuter avec mes proches, on ne peut pas dire que nous soyons les plus malheureux à Rouen, dans mon école, encore moins. Beaucoup d’animations sont mises en place, les enfants sont contents. Si l’objectif était de transformer l’école en centre de loisirs, il est atteint. Si on se replace au niveau des ambitions initiales, à savoir changer l’organisation du temps pour améliorer les apprentissages, le résultat est nettement plus discutable, mais apparemment, tout le monde s’en fout.
Le rectorat a mené une enquête l’année dernière pour se faire une idée de l’impact de la réforme : l’impression générale qui se dégage est que les enfants sont cramés à partir du jeudi. J’ai eu le malheur de m’en émouvoir lors d’une réunion afin de renforcer mon image de grincheux râleur, on m’a gentiment répondu que les enfants ont toujours été fatigués et que les parents devraient les coucher plus tôt. Quand je demande si on avait évalué l’évolution de cette fatigue ou l’amélioration des apprentissages, on me répond que l’évaluation est difficile faute d’avoir évalué la fatigue et les apprentissages avant la réforme. Au final, on nage dans le subjectif. Chacun avance ses experts, présente ses études de « perception de la fatigue » Bref… Les convaincus restent convaincus, les sceptiques restent sceptiques et la Ministre peut clamer haut et fort que la réforme est un succès.
Rien de neuf sous le soleil, malheureusement, si ce n’est un constat de plus en plus partagé de grand gâchis et des tensions qui vont aller croissantes. Si on ne sait pas évaluer l’impact de la réforme sur les apprentissages, le Sénat va œuvrer à évaluer celle sur les comptes publics en lançant une mission d’évaluation sur le sujet (présidée par Catherine Morin-Dessailly, une rouennaise :-)). La réforme coûte chère, et comme les villes touchent moins d’argent de l’Etat, elles s’adaptent comme elles peuvent. Twitter bruisse de changements d’organisation des mairies pour rendre la réforme moins coûteuse. Qualité des animations, activités gratuites devenues payantes… On peut critiquer l’attitude des maires qui s’en prennent au budget école pour des raisons plus ou moins discutables. A ces critiques, on pourra toujours répondre qu’il est facile de promouvoir des grands principes avec l’argent des autres. Tant que l’on n’aura pas une idée de l’efficacité de la réforme, on ne pourra pas dire si c’est une dépense utile ou pas et on restera au niveau du débat politiciens.
Sur Rouen, les fonds de tiroir sont raclés pour faire des économies dans tous les sens. Le taux d’encadrement est revu à la baisse pour les mercredis après-midi (passage de 1 adulte pour 8 enfants à 1 pour 10) ainsi que le nombre d’animateurs dans les centres, tant pis si certains parents restent avec leurs enfants sur les bras. Tout est fait pour limiter l’accès au centre. Les deux parents doivent travailler (ça fait mieux que de dire qu’on exclut les parents chômeurs). Jusqu’à cette année, les enfants de maternelle n’avaient accès au centre du mercredi qu’à leur 3 ans révolus. Il a fallu râler un peu pour leur faire admettre que ça ne tenait pas (cela dit, les enfants de primaire de moins de 6 ans vont toujours au centre avec les maternelles)…
Comme nous l’a dit Yvon Robert, notre maire « Quand on a des enfants, il faut s’en occuper ».
Malheureusement, les économies ne touchent pas seulement le temps périscolaires. Les budgets commencent à être rogné sur la partie école. Plus d’enfants par classe (en maternelle chez moi, les grandes sections sont 29), moins d’ATSEM, des heures de ménages en moins avec comme mot d’ordre pour les enseignants : « Démerdez vous ! « .
L’année dernière, les écoles maternelles et primaires de mes filles ont eu une classe supprimée (on devait être trop bien loti). Petite remarque, elles accueillent des structures scolarisant des enfants autistes. Génial l’inclusion d’enfants autistes dans des classes de 29, non ?
Je ferais surement un billet sur la scolarisation des handicapés, en attendant, voici un article sur la situation de mon école. En espérant que cela bouge
Je m’étonne que ce cher Yvon Robert n’ait pas encore été épinglé par les féministes, il semble quand même avoir une vision très « les femmes à la maison à s’occuper des gosses pendant que les hommes travaillent ».