
« Pandora » par Jules Lefebvre — Art Renewal Center. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons
Depuis tout petit, je suis un grand fan de mythologie, tout particulièrement la mythologie grecque. Tout d’abord, parce qu’il y a toujours des histoires et aventures rocambolesques. Ensuite, le recours à ces images est souvent le point de départ de ma réflexion. Elles m’ont toujours permis de mettre des mots quand j’avais du mal à en trouver.
Samedi dernier, j’ai pris le temps de discuter avec mon aînée, pour savoir comment s’était passée sa semaine. Je suis parti lundi à l’étranger pour 5 jours et je n’ai pas pu faire le « service après-vente » de ce qu’elle a pu entendre à l’école au sujet des attentats. J’ai eu l’intuition, à juste titre, que ça la travaillait, même si elle s’en défendait. En discutant un peu, j’ai vite compris qu’elle avait peur. Peur que des terroristes décident de poser une bombe à Rouen, bien sûr, mais pas seulement. Elle avait peur sans vraiment trop savoir pourquoi elle avait peur.
Ça m’a fait tout de suite penser au mythe de Pandore et de sa boite dans laquelle tous les maux étaient enfermés tels que la vieillesse, la maladie, la guerre, (la CGT), le mensonge… Pandore, poussée par la curiosité et par Zeus, ouvrit la boite et libéra tous les maux sur Terre. L’histoire veut que la boite fut refermée avec l’espoir à l’intérieur. La chute de cette légende m’a toujours intrigué : que faisait l’espoir dans une urne comprenant tous les maux du monde ? Après quelques recherches, je découvris qu’il y avait une petite erreur de traduction. Le mot à l’origine de « espoir » (elpis) aurait plus de sens si on l’avait traduit par appréhension ou crainte irraisonnée (voir l’article wikipedia)
Samedi soir, j’ai raconté cette légende en guise d’histoire du soir à ma fille en lui expliquant que c’était normal d’avoir peur, mais que sa peur devait se limiter à ce qui « existait », pas de ce que l’on imagine. Pour se battre contre ça et laisser le dernier des maux dans la boite, elle avait une tête qui lui permettait de réfléchir et de prendre du recul pour éviter d’avoir peur de la peur. Je lui ai aussi dit que mon rôle et celui de sa mère était justement de lui apprendre à utiliser sa tête pour garder la boite fermée et que nous étions là si elle avait des questions.
Je ne sais pas ce qu’elle retiendra, ni même si cela l’a rassuré. Tout ce que je sais, c’est qu’elle s’est couchée avec le sourire. Pourvu que ça dure.
C’est une très belle comparaison! Et je suis ravie d’enfin comprendre l’histoire, car moi aussi, j’ai toujours trouvé curieux que l’espoir soit enfermé dans la boîte avec tous les maux de la Terre, et qui plus est y reste… La peur irraisonnée fait bien plus sens, en effet!