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Le parent face au silence de l’Institution

mai 11, 2016 ~ 2 Commentaires ~ Par Greg

Est-il préférable d’être un salop qui sait qu’il y a quelque chose mais qui ne dit rien parce qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il se passe ou bien un abruti qui ne sait pas grand-chose et qui en parle parce que « les gens doivent savoir », au risque de dire n’importe quoi ? Répondre à cela n’est pas simple, surtout lorsque l’on parle de violence sur des enfants de maternelle.

En décembre dernier, l’école me contacte pour « une affaire grave ». Un signalement a été émis à l’encontre de l’enseignant de ma fille de 3 ans, signalement pour violence sur enfant. Joyeux Noël en perspective. Dans cette situation, on est forcément assailli par des questions : mon enfant est-il concerné ? Qu’y a-t-il derrière le mot violence ? Faut-il en parler aux autres parents, au risque de créer un vent de panique ? Rapidement, nous nous sommes rapprochés de l’Inspection Académique (IA) pour que l’on puisse répondre ensemble à la dernière question. Leur réponse a été assez claire et constante : Circulez, il n’y a rien à voir.

4 mois plus tard, c’est le chaos à l’école : l’affaire est sortie dans la presse suite à un communiqué des Représentants Parents d’Elèves (RPE). L’enquête administrative faite par l’IA fait état d’autre cas (dont ma fille). Reste qu’on ne sait toujours rien du nombre d’enfants concernés ni du type de violences qu’il y a eu.  La nature ayant horreur du vide, la peur et le ressentiment ont pris le dessus ; rien n’est fait à mes yeux pour apaiser les esprits. Certains parents portent plainte et cherchent à entrainer d’autres parents à leur suite. Les RPE ouvrent le parapluie après avoir lancé un pavé dans la mare et l’IA fait la grande muette.

Suite aux divergences importantes de points de vue sur la conduite à tenir, j’ai posé ma démission de mon mandat de RPE. Posture courageuse du rat face au navire qui coule, peut-être. Mais j’ai du mal à me sentir solidaire de comportements que j’estime diffamatoire.

Depuis le temps que je tiens ce blog, j’ai exprimé à de nombreuses reprises mes désaccords avec « l’Education Nationale » (Rythmes scolaires, principalement). Là, ça n’est plus un désaccord, c’est le constat de faillite d’une institution. L’IA s’est comportée comme une forteresse assiégée en voulant gérer l’affaire uniquement en interne, laissant les parents à leurs angoisses. C’est tout juste si l’on sait que les violences n’ont pas de caractère sexuel.

Depuis le signalement en décembre, nous avons demandé à plusieurs reprises de travailler avec l’IA pour gérer la communication de crise. Toujours la même réponse : « Une enquête administrative est en cours, nous n’avons rien à dire avant la fin de l’enquête ». Alors que Najat Vallaud-Belkacem loue les valeurs de la bonne entente Parents-Ecole dans l’épanouissement de l’enfant, cette mise à l’écart des parents est tout bonnement inacceptable car au final, c’est nous, parents, qui avons dû gérer l’angoisse des parents au cas par cas. Bien sûr que l’IA vous dira qu’elle est prête à recevoir les parents qui s’inquiètent. Mais comment dire aux parents d’aller les voir s’ils n’ont pas conscience de ce qu’il se passe ? D’autant que les rares parents ayant pris contact avec eux ont été renvoyé vers les RPE. Classe.

L’IA a beau dire que des psychologues scolaires sont à la disposition des enseignants ou des parents, mais, malgré de multiples demandes, elle n’a pas daigné envoyer de psychologues en classe pour constater s’il y avait des enfants en souffrance.  Et quand elle nous en envoie une, c’est après que l’affaire soit sortie dans la presse, soit 4 mois après le signalement. Utile.

Bien sûr, l’affaire aurait été difficile à gérer et je comprends très bien que les parents soient furieux d’apprendre 4 mois après les faits que l’enseignant de leur enfant ait été suspendu pour violence sur mineur. D’autant plus furieux qu’on leur ait tenu des propos rassurants suite à son remplacement en janvier. Mais avec une administration qui veut absolument éviter de faire des vagues, que pouvions-nous faire ? On ne sait rien officiellement de l’affaire ni de l’enquête, aurions-nous dû être le relai des rumeurs que nous entendions ?

Bizarrement, je n’arrive pas à être en colère contre l’enseignant. Contrairement à ce qu’on en dit, comprendre ne veut pas dire excuser. Si une enquête administrative et judiciaire met en évidence qu’il a violenté un enfant, il faut qu’il soit puni mais je n’arrive pas à me dire que la fermeture de classe annoncée fin juin de l’année dernière, qu’une classe à 30 en petite section n’ont pas fragilisé un homme peut être déjà fragile. En tant que RPE, je l’ai fréquenté pendant 3 ans et j’ai du mal à voir en lui un monstre psychopathe. L’enquête me donnera peut-être tort, mais je m’accroche à l’idée d’un homme à la dérive qui n’a pas su s’arrêter et qu’on n’a pas su retenir.

A titre personnel, je préfère largement qu’on reproche mon silence parce que j’attends de savoir ce qu’il se passe que de parler rapidement sans savoir au risque d’inquiéter tout le monde pour rien. Là, on a attendu 4 mois pour ne rien leur dire en inquiétant tout le monde. La communication de crise, c’est un vrai métier.

Je reste maintenant avec ma colère en espérant que le temps fasse son œuvre.

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2 Commentaires

  1. Christelle's Gravatar Christelle
    11/05/2016 at 12:04 | Permalink

    Je comprends cette position et je n’adhère en aucun cas à la position de l’IA.
    C’est inadmissible, insoutenable. Comme si les parents étaient mis à l’écart; qu’on refusait d’apporter du soutien à ces enfants tant que la lumière n’est pas totalement faite sur l’affaire.
    C’est noble de ne pas vouloir accuser trop vite et j’espère sincèrement que les faits ne sont pas aussi graves qu’on l’imagine.
    En tant que professionnels de l’éducation, nous devons être irréprochables. Des histoires comme celles-là sont dramatiques pour l’image de notre métier et ont des conséquences insoupçonnées sur l’avenir des enfants concernés.
    Courage.

    Reply
    • Greg's Gravatar Greg
      11/05/2016 at 12:14 | Permalink

      Bonjour,
      Il faut raison garder en toute chose.
      Je pense qu’il y a un mode panique car on n’a aucune info. Alors tout le monde imagine le pire

      Reply
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