Bon, et bien c’est fait. Ca fait un an que j’ai démissionné pour m’occuper de mes filles.
Un an d’angoisses, de petits bonheurs, de changement de couches, de repassage et de gros câlins.
C’est une expérience exaltante, mais qui avait pourtant très mal commencé. Jeudi 4 novembre 2010, premier jour d’école de la Grande. Ca faisait des semaines qu’elle trépignait à l’idée d’aller à l’école. Elle avait vu toutes ses copines de la crèche partir à l’école une par une et commençait à s’ennuyer ferme. Sauf qu’au fur et à mesure que nous parcourions le trajet maison-école (soit près de 500 m), je voyais mon petit bout de fille se ratatiner pour finir par hurler devant sa classe qu’elle ne voulait pas y aller. Sans oublier que la Petite était en adaptation à la crèche, ce qui faisait de bien belles journées pour l’apprenti papa à la maison que j’étais.
Heureusement, ça s’est vite tassé. J’ai pris mes marques, mes femmes aussi et maintenant, je défie n’importe quelle maman dans la confection de tartes aux pommes et autres pancakes nappés au sirop de bleuets. La maison est (plus ou moins) bien tenue, je fais les sorties scolaires de la Grande, je prend le café le matin avec d’autres mamans après avoir déposé nos monstres à l’école. Bref, je suis un Père Au Foyer (PAF) épanoui. Pour mon premier anniversaire en tant que PAF, j’ai eu un super cadeau, un reportage sur les PAF avec ma gueule au FT JT de France 2 et un excellent numéro de « Rendez-Vous en Terre Inconnue » au Viet-Nam où se sont les hommes qui s’occupent des gamins (comme quoi, notre chromosome Y n’est pas un handicap).
S’il fallait faire un premier bilan , je dirais que c’est une expérience extraordinaire à vivre. Prendre le temps de voir grandir ces enfants, de voir leurs progrès. S’apercevoir que sa femme s’éclate dans son nouveau boulot. Faire son trou dans une nouvelle ville. C’est plutôt cool. Bon, faut avouer que les tâches ménagères, c’est marrant une ou deux fois, mais, à la longue, ça lasse. Cela étant dit, je dois dire que je ne me débrouille pas trop mal même si je pourrais gagner en régularité : la procrastination quand il s’agit de faire des courses, ça peut très rapidement se voir.
Si l’expérience en elle même est passionnante, il y a beaucoup de choses à dire sur l’attitude des gens quand on leur dit qu’on a démissionné pour s’occuper de la maison. D’une manière générale, j’ai vraiment l’impression de passer pour un extra-terrestre. Entre les hommes qui me sourient en me disant que je me la coule douce parce que je suis au foyer et les femmes qui me regarde avec un à priori d’incompétence (spéciale dédicace à la marque DPAM et son formidable Papa Code (Merci Till pour l’article), on ne peut pas dire que je me sente super reconnu dans ma démarche.
J’exagère peut être un peu, mais j’ai quand même l’impression que lorsqu’on voit une mère régulièrement déposer et récupérer ses enfants à l’école, participer aux sorties scolaires, c’est une bonne mère au foyer. Quand c’est un homme, j’ai plutôt l’impression qu’on le considère comme un chômeur. Un homme à la maison, c’est louche. Au cours de l’année qui vient de s’écouler, vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de fois où j’ai eu à me justifier sur le fait que j’étais bien un PAF, parce que ma Grande est à la cantine, que ma Petite est à la crèche, parce que je ne touche pas les allocations familiales…
Alors forcément, quand je dis que je vais essayer de développer une activité professionnelle en parallèle, c’est la fin des haricots. Je ne veux plus m’occuper de la maison. Une femme au foyer qui crée sa boite, c’est une mompreneur. Un homme au foyer qui crée sa boite, c’est… plus vraiment un homme au foyer. Il est où le problème ?
Vous l’aurez compris, le plafond de verre n’est pas que dans le monde professionnel. Malheureusement je pense que les mentalités ne sont pas prêtes d’évoluer.
(J’aime beaucoup le lapsus « FT de France 2 »
)
Ah oui…
Maintenant, reste à savoir quel est le sens de ce lapsus