Les enfants sont cruels.
J’ai hérité par atavisme familial d’une magnifique barbe et par la génétique une non moins magnifique calvitie socratique.
Fort de ces particularités pileuses, j’étais plus beau, plus fort, plus respectable comme il se doit d’un Samson des temps modernes.
Un jour que la Cadette fait un câlin à sa mère, elle lui glisse dans un soupir ce mot rempli d’amour que seules les petites filles savent dire à leur génitrice : « Amamanhapapik». Et comme si le message n’était pas suffisamment explicite, elle se tourne vers moi, le doigt accusateur en disant. «Apapahapik».
Il fallait me rendre à l’évidence, ma barbe était en danger.
En fin négociateur, j’essaye de monter l’Aînée contre sa soeur en lui demandant si ELLE voulait que je me rase. Malheureusement pour moi, elle acquiesce.
Me sentant acculé, je me tourne vers ma moitié, qui par contrat m’avait juré fidélité et assistance jusqu’à ce que la mort nous sépare, qui m’assassine avec un «c’est vrai que tu piques».
De mémoire, Dalila avait coupé les cheveux de Samson dans son sommeil. Là, c’était la double peine, il fallait que je me mutile moi-même.
D’un geste rageur, j’ai pris une tondeuse et j’en ai profité pour faire aussi le haut du crâne (sans sabot, bien sur).
L’avantage, c’est que maintenant, j’ai le droit à du «jeune homme» dans la rue (maintenant que j’y pense, je me demande si ce n’est pas discriminatoire).
En conclusion, gardez moi de mes amis…
Tant que tu n’as pas droit à du « mon damoiseau » c’est bon techniquement, c’est pas discriminant!
tu ne te rends pas compte. Ca veut dire qu’ils présupposent que je suis puceau 😉