J’ai assisté hier soir à l’assemblée générale de la crèche associative où se trouve ma Cadette. Il me semble important d’assister à ces moments forts de la vie d’une association, surtout quand elle a la charge de votre progéniture et qu’elle fait un boulot formidable. Apparemment, tous les parents ne pensent pas comme moi vu que nous n’étions que 5 parents sur 50 (dont 2 parents représentant au CA de l’association). Bref…
C’est également une expérience très intéressante car m’étant intéressé professionnellement au secteur de la petite enfance, c’est toujours intéressant de se plonger les mains dans le cambouis de la réalité d’une crèche… Et ce n’est pas brillant.
Il faut savoir qu’une crèche conventionnée avec la CAF reçoit de l’argent de la part de 3 types d’acteurs : la CAF, les familles et un « tiers financeur » (collectivité territoriale ou entreprise). En fonction du revenu de la famille, cette dernière paye à un prix de journée que la CAF complète pour atteindre environ 4,4 euros de l’heure. Quelque soit le niveau de « prestation » ou le statut juridique de la crèche (publique, associative, « privée »), le prix est le même partout. Le complément est donc apporté par ce tiers financeur qui « loue un berceau ». Le niveau de prestation est donc fonction de ce qu’une collectivité et/ou une entreprise est prête à payer et elle n’a aucune obligation de compléter à hauteur de 100%. C’est un choix politique au sens noble du terme.
Là où c’est moins noble, c’est quand les subventions tardent à venir parce que la municipalité souhaite privilégier le développement d’un service public de crèche alors qu’il existe des besoins non satisfaits à ce jour. D’après ce que j’ai compris, une subvention de la mairie est bloquée car la municipalité considère que « ma » crèche n’est pas viable. La cause ? Un remboursement d’emprunt important qui a été contracté… suite à l’absence de subvention à l’investissement lors de la création de la crèche. Autre raison de « discorde », l’existence de charges non essentielles à savoir un pôle administratif qui s’occupe des factures, des salaires, des recherches de partenariat et qui permet au personnel de puériculture… de faire leur boulot à savoir s’occuper des enfants.
En attendant de trancher ce noeud gordien, la crèche a sucré une partie des animations nécessitant un intervenant extérieur pour limiter la casse avant d’aller quémander de l’aide.
Le pire étant toujours à venir, une circulaire de la CAF précise que désormais, les crèches doivent fournir couches et repas, ce qui a un coût et que ce coût n’est pas répercutable sur les familles, ni sur la CAF qui paient un montant encadré réglementairement, mais par le tiers financeur. Si je voulais faire du mauvais esprit (ce qui n’est pas mon genre), je dirais que tout est fait pour organiser l’insolvabilité des crèches associatives. Tout d’abord, parce qu’on leur demande beaucoup dans la gestion de leur compte (je ne suis pas convaincu qu’on ai une gestion aussi « saine » dans le public compte tenu des pratiques de comptabilités analytiques dans les structures publiques) et qu’elles n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre pour diminuer leurs charges contrairement aux entreprises de crèches type Babilou ou Le Petit Chaperon Rouge, qui peuvent faire baisser leurs prix d’achats compte tenu du nombre de crèche dans leur réseau (on achète moins cher en gros qu’au détail). Outre l’aspect financier pour la crèche, ça ne me plait pas trop de savoir que mon enfant mangera des blédichefs alors qu’il mange aujourd’hui du fait maison.
On peut s’interroger sur la pertinence du modèle associatif à terme entre le public et le privé conventionné. Pour le coup, je n’ai pas de religion sur le sujet. En revanche, à court terme, je fais quoi moi avec mes gamins ? Je ne sais pas si les décideurs se rendent compte du cynisme de la situation. En attendant, elle me laisse comme un goût de moisi dans la bouche.
J’ai bossé 2 ans dans une crèche associative, et oui que 2 ans, car c’est ça aussi le problème. pas de budget pour embaucher, donc on prend des gens en « contrat aidé » type CAE, d’une durée de 2 ans maxi, payé à 80% par l’etat. Et tous les 2 ans, une fois que l’equipe est bien rodé, que ça tourne bien, on change !!! Le fric le fric le fric… les bien être des gosses, on verra plus tard….
Bon courage avec tes miniatures! moi du coup, j’ai choisie l’option nounou 😉
C’est pas une question de pognon. J’ai plutot l’impression qu’on a affaire a une decision ideologique.
Je ne sais pas de quelle région tu es, je suis en région parisienne. Je bosse pour une crèche associative qui est « chaperonnée » par une grande enseigne de crèches privées.
Depuis le temps que je bosse dans le milieu de la petite enfance (je suis auxiliaire de puériculture), j’ai fini par me rendre compte que le profit devient la seule chose qui compte pour les financiers qui créent des entreprise de crèches privées (j’ai bossé pour une des enseignes que tu cites). Ils n’ont aucunes connaissance en matière d’accueil de petits enfants.
C’est triste, très triste, parce que nous, les « petites mains », nous avons des idéaux en matière de prise en charge des touts petits. Nous nous battons, pas pour notre bien être, mais pour conserver celui des enfants qui nous sont confiés. Et c’est de plus en plus difficile. Comme tu en parles dans ton article. Merci d’en parler.
Je vis en région parisienne, où il y a pléthore d’entreprises de création de crèches privées… Si j’étais dans ma région natale, le sud, les financiers qui battissent une fortune avec la petite enfance feraient la même chose, mais ils s’adresseraient juste à un autre secteur, plus porteur dans la région, les personnes âgées.
Amasser le plus d’argent en en dépensant un minimum… Au détriment du public accueilli.
C’est un vaste débat que tu proposes là. Connaissant aussi le secteur des EHPAD, il y a beaucoup à dire et je ne serais pas aussi catégorique que toi sur les intentions des «financiers».
Cela mériterait un billet là dessus où je n’ai que mon avis sur le sujet à proposer (qui risque de ne pas etre intéressant).
L’objet de ce billet est surtout de remettre en question la décision publique. Le maire est en train de laisser crever une structure pour des raisons qui me semblent plus idéologiques que pragmatiques
Vous dites : « ça ne me plait pas trop de savoir que mon enfant mangera des blédichefs alors qu’il mange aujourd’hui du fait maison », Cela se discute, car on a cette croyance que tout ce qui est industriel est mauvais par définition, or Blédina emploie des « Chefs » et les matières premières sont dument sélectionnées dans le cadre de contrats avec des agriculteurs qui pratiquent l’agriculture raisonnée… Le « fait maison » est sympa mais ne répond à aucun critère précis et celui qui fait les courses ne sait pas forcément ce qu’il achète sur le marché (qu’est-ce qu’elles ont mangé les poules dont j’achète les uefs, et le suamon en élevage?) Je précise pour être très transparente que j’ai travaillé chez Danone, maison mère de Blédina, ce qui va sans nulle doute discréditer mon petit commentaire :):):) Au fond de la variété en tout, voilà ma reco! un peu de fait manager, un peu de tout fait industriel, cela facilite la vie aussi des parents qui travaillent et ce n’est pas rien,car on en a sur les épaules
Y a pas de dicredit, on a chacun nos conflits d’intéret
j’ai parlé de Blédichef parce que c’est le seul nom que j’avais en tête (du problème d’avoir une marque forte). Je n’ai pas de probleme particulier avec l’industrie agro-alimentaire. Cela dit, si les produits de base sont sélectionnés avec soin, leur transformation se fait toujours avec plus ou moins de produits conservateurs. Mais le point n’est pas là.
Nous avons (pris) la chance d’avoir du temps de cuisiner (moi surtout). Mes filles voient les produits de l’etal du marchand a leur assiette. Et ca, c’est difficile avec un bledichef.
Merci de me donner l’idee d’un nouveau billet.
Alors bravo de choisir de prendre le temps et j’attends le futur billet avec impatience