Cette année encore, j’ai parcouru les chemins de Compostelle avec mon groupe d’amis. La particularité de cette session de marche a été la traversée des Pyrénées. Pour les amateurs de chiffres, nous avons parcouru près de 300km en 13 jours avec en point d’orgue à J11 l’étape Saint-Jean-Pied-de-Port / Roncevaux, longue de 27km avec un dénivelé positif de 1230m (les amateurs apprécieront).
On me demande souvent pourquoi depuis 2009 je « sacrifie » 15j de vacances pour me lever à 6.00 pour porter 10kg sur le dos pendant 25km. Il y a sûrement un fond religieux, mais bcp moins que ce que peuvent croire mes interlocuteurs quand je leur parle du pèlerinage de compostelle. En fait, la vie du pèlerin est extraordinairement simple, il a un but et un seul, atteindre Santiago de Compostella (ou une étape intermédiaire quand on le fait par tronçon comme cela est mon cas). Après, tout le reste est littérature.
Quand vous marchez, vous êtes un peu face à vous même car personne ne fera les km à votre place. La disposition des refuges fait que vous êtes extraordinairement libre dans l’organisation des étapes (surtout sur la partie espagnole) mais si on s’écoute trop, mais on arrive jamais. Alors on marche. Pour vous donnez une idée, un marcheur occasionnel fait du 4km/h, faire 25km se fait en un peu plus de 6h. Alors pendant 6h de marche, on a le temps de penser, de réfléchir. On pense à la douche qu’on va prendre, au poids de son sac qu’on aimerait bien alléger (j’aurais peut être pas dû prendre 3 paires de chaussettes), à l’ampoule en formation sur son talon mais aussi à des choses un peu plus essentielles sur sa vie. Sachant que #3 est prévue pour novembre, j’avais pas mal de choses en tête.
C’est bête à dire, mais la première question que je me suis posé était de savoir si c’était la vie que je voulais. Et la réponse a été non. Je n’avais absolument pas prévu d’être à la maison en province à la tête d’une famille nombreuse. En fait, je me voyais plus en cadre urbain pressé maître du monde (enfin, maître de son monde) pourvoyeur de revenu et qui navigue à vue.
La deuxième question était si je regrettais ma vie imaginée. Encore une fois, la réponse a été non. Certes ce n’est pas la vie que j’avais imaginé, mais c’est une vie que j’aime. L’arrivée d’un troisième enfant va toutefois m’obliger de revoir mes plans car je ne pourrais pas assurer le changement de couches ET la création d’une entreprise tout seul (faut être honnête les jours ne font que 24h). Je vais devoir revoir l’équilibre pro/perso soit en levant le pied à la maison soit en mettant un couvercle sur mes (maigres) ambitions professionnels.
En fait, il serait plus exacte de dire que NOUS devrons revoir l’équilibre pro/perso car même si Mauvaise Mère a pu s’organiser comme elle le souhaitait depuis le déménagement c’est elle qui me pousse à ne pas sacrifier mes projets sous prétexte qu' »on trouvera toujours un moyen » même si c’est moins confort pour elle. (ma femme est quelqu’un d’extraordinaire)
Affaire à suivre…
PS : Ultreia est une interjection dérivée du latin très employée par les pèlerins de Compostelle qui veut dire aller plus loin, plus haut. C’est un appel au dépassement de soi tant sur le plan physique que « spirituel ». Compte tenu des mois à venir, j’ai trouvé ça approprié
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