Ce billet commence sous la forme d’un mea culpa, je suis tombé dans le piège que j’ai moi-même dénoncé en octobre en focalisant mon attention (et mes critiques) sur la seule réforme des rythmes scolaires alors qu’elle n’est qu’un élément de la réforme refondation. Il faut dire que c’est là où se passe le débat, ce qui est regrettable, tant les sujets d’inquiétude sont multiples.
C’est d’autant plus regrettable car ce débat est quelque peu stérile. Chaque partie prenante de la réforme (parents, enseignants, élus…) avance ses points sans vraiment être à l’écoute de ceux des autres, voire en les critiquant alors qu’au final, on pense tous un peu la même chose: la réforme est partielle (partiale ?), mal ficelée et peu lisible (tout ça à moins de 9 mois de la rentrée scolaire 2013). On est un peu trop centré sur ses propres problèmes et on ne comprend pas pourquoi les Autres font pareil. Au final, ces trois parties se regardent un peu avec méfiance et se jugent parfois durement. Parmi le florilège des stéréotypes que j’ai pu entendre, on a :
- Les parents pensent que les enseignants sont des fainéants qui ne pensent qu’à leurs acquis au détriment de l’intérêt de l’Enfant (C’est vrai, au fond ce sont des privilégiés).
- Les enseignants trouvent que les parents pensent d’abord à ce qui peut leur facilité la vie plutôt qu’à l’intérêt de l’Enfant (De toute façon, il ne comprennent rien au métier d’enseignant – cf les commentaires d’un précédent billet)
- Les politiques accueillent la réforme avec plus ou moins de motivation et pensent que les parents et enseignants défendent leur intérêt général alors qu’eux défendent l’intérêt général et l’intérêt de l’Enfant (c’est ce qu’on dit les Experts).
[Note pour les lecteurs faisant partie d’au moins une des catégories sus-nommées : ce n’est pas ce que je pense, mais ce que j’ai lu ou entendu]
Une opposition citoyenne et cohérente au projet de réforme est difficile. Il y a des oppositions et elles s’affrontent malheureusement (c’est là qu’arrive mon mea culpa )
A force de me concentrer sur le rythme scolaire avec mon point de vue de parent, j’ai totalement perdu de vue qu’il ne s’agit que d’une goutte d’eau dans l’océan de (ce que devrait être) la refondation de l’école. C’est bien beau de vouloir diminuer le nombre d’heures de cours, mais si c’est pour transmettre le même volume de choses, c’est plus de la pédagogie qu’il faudra, c’est un tube de gavage Au final, la question qui se pose c’est : A quoi sert l’école ? A quoi servent les instituteurs et institutrices ?
Grâce à la magie de twitter et de la blogosphère, j’ai fais des rencontres intéressantes sur le sujet. Bien sûr, vous aurez des instits râleurs qui vous diront que vous ne connaissez rien de leur métier, mais au final, je pense que cette réforme est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Non seulement, on leur demande de faire beaucoup avec, au final, peu de moyens mais on perd aussi un peu le sens de ce qu’est un instit. Un éducateur ? Un enseignant ? Un moralisateur ? Un garde chiurme ?
Pour conclure ce billet, j’aimerais vous faire part d’une petite découverte assez symbolique : l’INSEE considère que le métier d’instituteur fait parti des professions intermédiaires et non plus des professions intellectuelles supérieures. Est ce vraiment l’école que nous souhaitons ? La refondation n’aurait elle pas dû commencer par là ?
PS : Un article intéressant sur le métier d’instituteur.
PPS : amis twittos, je vous invite à suivre @Juliebaverel qui a des analyses vraiment très intéressantes sur cette réforme refondation (je ne m’y ferais pas)
Je suis un peu surprise que les instituteurs soient relégués au stade de professions intermédiaires et non plus intellectuelles. Il faut quand même reconnaitre qu’un enfant qui commence à avoir des lacunes dans le 1er cycle de sa scolarité, les trainera bien souvent jusqu’à la fin. J’estime le départ de l’éducation scolaire aussi importante que la fin. Je comprends parfois la colère des instits que beaucoup assimilent aux professeurs des grandes écoles. Les horaires ne sont bien souvent pas les même, ni les salaires d’ailleurs. Je pense qu’il faut avant tout accepter que l’école est nécessaire pour notre évolution et qu’il faut faire au mieux pour qu’elle soit toujours aussi efficace. Ma maman travaille comme assistante maternelle, dans une école maternelle, en mairie il ne parle pas du tout de la refondation, rien n’est encore décidé visiblement.
tu en as de la chance. Nous, on a commencé la concertation (mais tout est décidé je pense)
Oui tu as raison… à chaque fois on nous « consulte » ou plutôt on veut nous faire croire que nous sommes consultés mais tout est déjà décidé !!
Autorité x Manipulation = 1
qu’ils se dépêchent ! un article sur le site du ministère de l’Education Nationale indique le 8/02 comme date butoir pour que les communes demandent une dérogation pour l’application de la réforme des rythmes en 2014… alors si ils ne sont pas encore penchés sur le sujet, ils risquent de devoir y aller dans moins de 9 mois… voir le calendrier en toute fin d’article => http://www.education.gouv.fr/cid66696/la-reforme-des-rythmes-a-l-ecole-primaire.html
Quelle joie de vous lire (enfin non c’est triste). Je suis enseignante en maternelle… pas la 5eme mais 6 ou 7ème roue du carrosse de l’éducation nationale!
J’aimerai faire partager vos écrits à mes parents d’élèves mais même en format A3 à l’entrée de la classe , je ne suis pas sure que ça est un impact.
Merci de montrer que nous ne faisons pas que râler pour râler. Effectivement il y a des soucis, et les rythmes scolaires ne sont qu’un dixième du problème. Le débat ou non débat (puisque tout est déjà décidé) n’est là que pour masquer l’iceberg. Changer les horaires ne changera en rien les problèmes: manque de moyen, plus assez de temps pour les maths et le français (ils faut faire des arts visuels, de l’informatique,de la natation, la prévention routière , l’alimentation, l’hygiène etc , etc)
De plus pour les enseignants, le manque de reconnaissance devient réellement pesant…. il y a 2 jours je disais que j’avais « un boulot de merde » … Qui accepterait de travailler 3h de plus par semaine soit 96h par an sans augmentation de salaire…
Que dire de notre catégorie professionnelle, un enseignant d’élémentaire doit juste maitriser une dizaine de matière alors que les profs de collège ou lycée sont spécialisés dans 1 ou 2 matières maximum!
Contrairement à vous je ne suis pas très douée dans la prose mais merci pour l’objectivité de vos écrits.
Je ne pense pas etre particulieremenr objectif, j’assume ma subjectivite
Si vous voulez utiliser ce texte, n’hesitez pas.
Voilà, c’est ça. Il y a tellement plus urgent pour aider correctement nos élèves que supprimer trois pauvres quarts d’heures chaque jour pour les cumuler une demie-journée ailleurs. Les rythmes scolaires, du point de vue de mon école, limite on s’en moque. Le nombre d’élèves croissant par classe, la lourdeur des programmes, le manque d’enseignants spécialisés, ça, ça nous préoccupe. Et la goutte d’eau, plus que cette histoire de réforme des rythmes, c’est d’entendre qu’on ne fait que défendre nos acquis. Non, pas que. Loin de là, même.
La communication est un art. En tout cas, un métier
pour info c’est Julie Baverel (il y a une erreur dans son nom)
et oui.. très pertinente.
Allez voir le collectif des dindons également sur leur page FACE BOOK : https://www.facebook.com/ecoleintelligente
désolé, c corrigé
Post qui a le mérite d’ouvrir les yeux sur la situation réelle, merci à vous. Que d’autres parents concernés s’en inspirent!
Excellent article qui résume bien la situation et qui me conforte dans l’idée (dieu sait que j’en doutais hier) que la tribune des « parents ensemble » est une bonne idée, voire un outil indispensable. Une refondation de l’école est incontournable mais une modification des rythmes scolaires (non je ne reviens pas sur ce seul point) n’est pas une obligation pour 2013. En évoquant ce seul exemple, je souhaite dire qu’à mon avis, et comme trop souvent en France, cette ixième réforme met la charrue avant les bœufs. Avant de modifier quoi que ce soit, il faut préparer les infrastructure, discuter avec les parents et les enseignants, préparer un cadre qui va s’inscrire dans la durée. Il a fallut près de 10 ans à la 3ème république pour fonder l’école publique, la Finlande a lancé en 1970 une réforme qui ne sera pas finalisé avant 2020. Vouloir refonder l’école en l’espace d’un mandat présidentiel n’a pas de sens et, surtout, je crains que ce soit infaisable. Quant à votre découverte « symbolique » liée à l’INSEE, elle n’a rien de symbolique. J’ai souvent fait l’erreur de considérer les professeurs comme privilégiés ; ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cette dégradation est liée à une rémunération trop faible. Lorsque le statut des instituteurs a changé pour celui de professeur des écoles (PE), le salaire devait également évoluer pour s’aligner sur celui des professeurs du secondaires (aujourd’hui de 600€ supérieur). L’instituteur (salaire net moyen de 1872€/mois) était recruté à BAC+2, disposait d’un logement de fonction, d’une indemnité compensatoire et d’une retraite à 55 ans. Le PE (salaire net moyen de 2167€/mois) était recruté à BAC+4, aujourd’hui BAC+5, sans aucun des avantages de l’instit. L’État et les gouvernements successifs ont tous manqué à leur parole et je ne crois pas connaître une seule autre profession à avoir accepté une telle dégradation de son statut et de son revenu. En effet, ajoutez au salaire de l’instit, le coût d’un logement, l’indemnité et la retraite avantageuse et vous verrez que la dégradation n’est pas illusoire.
Merci pour ce billet distancié!
Julie, PE, pour la semaine à 4,5 jours mais avec une réelle refondation, et non une réformette justement!