Faut il dire merci aux hommes qui aident à la maison ?

Je ne sais pas si vous avez vu le reportage à la télé où j’apparaissais. En tout cas, je peux dire que les trois quart de mon entreprise l’a vu. J’avais oublié de vous dire, le lendemain de la diffusion, j’avais un gros séminaire commercial et le reportage était encore très (trop ?) frais dans leur tête.

Je ne vous raconte pas le nombre de remarques plus ou moins bon enfant qui allaient du « J’ai pensé à toi hier soir en repassant ma chemise » à « Et bien je vois qu’il y en a qui se la coule douce ! ». Mes remarques préférées ont été « Mais qu’en pense ton patron ? » ainsi que « Je pensais que tu étais en télétravail, pas en 3 cinquièmes ! ». Là où cela se corse, c’est que ces remarques  viennent respectivement de mon patron et de la DRH. VDM

Difficile dans ses conditions de ne pas se justifier mais, au final, je pense faire illusion avoir une bonne image professionnelle et les gens ont mis cela sur un problème de crédibilité des médias en général.

Point positif néanmoins, c’est que cela m’a permis d’engager la conversation avec des collègues sur le sujet (ce qui était à la base, le but de ce passage télé. Poser le sujet sur la table). Il y a eu de belles discussions je dois dire, mais j’ai quand même eu l’impression que pour beaucoup de personnes (dans ma boite ou ailleurs), il est très difficile de concevoir qu’un homme veuille organiser sa vie professionnelle en fonction de considérations familiales. Un homme doit être « pourvoyeur de revenus » ou « père au foyer » (et dans ce cas, il doit être en congé parental, mais c’est un autre débat).

J’ai la chance d’être dans une entreprise moderne qui permet une flexibilité, mais en grattant un peu, on retrouve les vieux réflexes de présentéisme ce qui est pesant. Dans mon ancienne boite, je devais justifier mes « jours enfants malades » ainsi que mes refus de réunion après 17h. Je vous passe les « ah, tu as pris ta demi-journée » et autres « Mais ta femme ne s’occupe pas de tes enfants ? ». Je vous passe surtout le regard des autres (hommes comme femmes) qui vous identifie comme quelqu’un qui n’a pas d’ambition en se dispersant sur des sujets futiles, tels que les enfants.

Donc oui, cela n’est pas facile de faire ce choix de vie et un peu de reconnaissance n’est pas de refus. Mon investissement familial ne se fait pas au détriment de mon investissement professionnel. Il se fait au détriment de mon temps de sommeil :-). Chaque soir, c’est la même rengaine, si je ne fais pas quelque chose avant de me poser, c’est mort. Alors je me pose vers 21h après avoir fini ma « seconde journée ».

Donc oui, de temps en temps, un merci fait plaisir, parce qu’il montre qu’on a conscience qu’on s’implique un peu partout et que cela ne fait pas de moi un mauvais père ou un mauvais professionnel. Merci parce que ce n’est pas simple et que rien ne nous pousse, nous motive « naturellement » à porter les 2 casquettes. Merci parce que ce serait tellement plus simple d’être un simple pourvoyeur de revenu. Au moins, on n’aurait pas à se justifier auprès des collègues parce qu’on ne peut pas rester pour la réunion de 18h.

J’entend au loin les railleries poindre (même de près). J’entends dire que cela fait des années que les femmes subissent cela depuis des années dans l’indifférence générale et que l’on ne voit pas pourquoi, sous prétexte que je suis un homme, j’aurais le droit à la reconnaissance qui fait défaut aux femmes. J’entends parler de cookie.

Vous avez raison et tort à la fois.

Chaque « Merci » que me donne ma femme me rappelle que je me dois également de la remercier pour tout ce qu’elle fait et que si je trouve qu’elle ne me remercie pas assez, il est plus que probable que la réciproque soit vraie. Car oui, de temps en temps, un merci fait plaisir, parce qu’il montre que j’ai conscience qu’elle s’implique un peu partout et que cela ne fait pas d’elle une mauvaise mère ou une mauvaise professionnelle. Merci parce que ce n’est pas simple et que rien ne la pousse, la motive « naturellement » à porter les 2 casquettes. Merci parce que ce serait tellement plus simple pour elle de rester à la maison. Au moins, elle n’aurait pas à se justifier auprès des mères de l’école parce qu’elle ne peut pas venir à la kermesse.

La double casquette ne pas de soi. Trouver révoltant de remercier un homme sous prétexte qu’on ne remercie pas une femme est stupide. Je trouve beaucoup plus révoltant l’absence de reconnaissance que subissent les personnes voulant mener de front leur deux journées, principalement les femmes.

Comment peut on vouloir promouvoir l’idée qu’Homme et Femme sont légitimes professionnellement, vouloir maintenir une natalité relativement forte en France et ne rien faire de significatif pour faire évoluer « l’organisation de la Société ». Mener de front sa vie familiale et professionnelle est compliqué, quelque soit le sexe de la personne. Les difficultés et les freins à la conciliation ne sont pas les mêmes, cela n’enlève pas le fait qu’elles existent.

Combien de personnes prennent un congé parental parce qu’elles n’ont pas pu avoir d’autres modes de garde ? Pourquoi ce congé parental oblige un choix strict entre vie professionnelle et vie personnelle alors que tout le monde sait que l’éloignement du marché du travail qu’il implique impacte significativement les trajectoires professionnelles ?

Pourquoi ne favorise-t-on pas le dialogue à l’intérieur du couple sur le sujet du partage des tâches sous prétexte que cela relève de la vie privée ? Les écarts de salaire qui en résultent relèvent ils également de la vie privée ?

Pourquoi est ce que la culpabilité s’invite-t-elle trop souvent à la table des discussions quand il s’agit de la prise en charge des enfants en journée ? Oui, je sais que l’école n’est pas une garderie. Oui je sais que c’est mieux pour mon enfant d’avoir de petites journées et pas les 8.00 – 18.00 que je lui impose sous le prétexte fallacieux que sa mère et moi travaillons.

Alors en attendant le Grand Soir Parental, que l’on soit Père ou Mère, un petit merci de temps à autre, ça ne mange pas de pain et ça fait toujours plaisir.

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